Coordination

Sandrine Cortessis, Haute école fédérale en formation professionnelle HEFP
Isabelle Houot, Université de Lorraine
Emmanuel Triby, Université de Strasbourg


Texte de cadrage

Le symposium vise à saisir, dans une perspective compréhensive, les phénomènes concernant les transformations de la formation des adultes, les discours de justification et les modes de conceptualisation qui les soutiennent.

  1. Entre des formes instituées et les multiples modalités du développement des personnes, la notion de formation peut être entendue de différentes manières et s’inscrit dans des dispositifs différents dans les pays francophones : entendue comme dispositif formel, elle fait référence aux activités et situations conçues et organisées dans ce but (Collard-Bovy et al. 2022) ; saisie comme dispositions personnelles et rapport au travail susceptibles de se transformer, elle se niche au cœur de dispositifs sociaux d’accompagnement, d’orientation, de positionnement (Houot et al., 2022) ; comprise comme processus de développement impliqué dans toute activité humaine, elle réactive les débats propres aux apprentissages des adultes, au regard de leur autonomisation, leur reconnaissance et leur émancipation (Genel et Deraty, 2020). Mettre au jour les transformations de la formation, en produire de nouvelles intelligibilités, mais aussi mieux comprendre les pratiques des professionnels et le sens qu’ils accordent à leur activité : c’est le sens du pragmatisme critique que nous voulons promouvoir (Boltanski, 2009 ; Dewey, 2022).
  2. Les transformations dont il sera question peuvent être qualifiées de critiques : lorsqu’elles marquent des ruptures dans l’évolution sociohistorique de ce champ d’activité, en distinguant les transformations déjà avérées (celles de la VAE ou de l’alternance par exemple), et celles en émergence (les AFEST, les formations « hybrides ») (Carré, 2020 ; Mayen, 2018) ; lorsqu’elles mettent au jour des changements à propos desquels la recherche semble ne pas disposer des instruments d’intelligibilité nécessaires ou d’instruments mal adaptés pour en éclairer le sens et outiller les acteurs concernés (Barbier, 2013 ; Jouanneaux, 2011 ; Paul, 2021) ; lorsqu’elles font émerger des pratiques contestables d’un point de vue moral et/ou politique, par les effets de discriminations ou de reproduction des dominations qu’elles sont susceptibles de générer et qui se révèlent peu compatibles avec une visée émancipatrice (Chauvet, 2019 ; Fleury, 2020).


Liste des références bibliographiques

Barbier, J.M. (2013). Un nouvel enjeu pour la recherche en formation : entrer par l’activité, Savoirs, 33, 9-22.

Boltanski, L. (2009). De la critique. Traité de sociologie de l’émancipation. Gallimard.

Carré, P. (2020). Comment les adultes apprennent ? Dunod.

Chauvet, A. (2019).La réforme de la formation au prisme des capacités d’action de l’apprenant salarié, Savoirs, 50, 67-85.

Collard-Bovy, O., Jézégou, A., de Viron, F. (2022). Adultes et formation. Penser et agir autrement, Presses universitaires de Louvain.

Dewey, J. (2022). Démocratie et éducation, A. Colin (1ère éd. américaine : 1913).

Fleury, F. (2020). Ci-gît, l’amer. Guérir du ressentiment, Gallimard.

Genel, K. et Deraty, J.P. (dir) (2020). Reconnaissance ou mésentente ? Un dialogue critique entre J. Rancière et A. Honneth, Presses de la Sorbonne.

Houot, I., Triby, E., Viron de (dir.) (2022). La restitution entre formation et activité, Octarès.

Jouanneaux, M. (2011). De l’agir au travail, Octarès.

Mayen, P. (2018). S’écarter du travail pour mieux apprendre, Éducation permanente, 216, 141-158.

Paul, M. (2021). Une société d’accompagnement, Raison passions.


Contributeurs et contributrices

Kristine Balslev, Université de Genève ; Sandrine Cortessis, HEFP Lausanne ; Thierry Barez, HEFR ; Pénélope Caravella, HEFR ; Emmanuel Triby, Université de Strasbourg ; Ioana Boanca, Université de Lille ; Margherita Bussi, UC Louvain ; Marc Zune, UC Louvain ; Carmen Cavaco, Université de Lisbonne ; Yves de Champlain, Université du Québec à Montréal ; Céline Hoffert, Université de Strasbourg ; Isabelle Houot, Université de Lorraine ; Nathalie Lavielle-Gutnik, Université de Lorraine ; Maël Loquais, Université de Lorraine ; Elzbieta Sanojca, Université de Rennes 2 ; Corinne Rougerie, Université de Tours ; Magali Roux, Université de Lorraine.