Coordination

Olivier Maulini, Université de Genève
Thierry Bouchetal, Université Lyon 2
Annie Malo, Université de Montréal
Catherine Van Nieuwenhoven, Université catholique de Louvain


Texte de cadrage

La formation des enseignant-es a longtemps été la prérogative des États nationaux. Mais la mondialisation de la forme scolaire, la circulation croissante des idées et les comparaisons internationales ont fait peu à peu émerger des enjeux dominants car globaux. Entre le modèle du corps de fonctionnaires (discipliné) et celui de la profession libérale (inspirée), les démocraties sont toutes en quête d’une pratique à la fois fonctionnelle et réflexive de l’enseignement, formée dans et par des dispositifs d’alternance entre expérience du travail et savoirs savants (Schön, 1983 ; Paquay et al., 1996). D’où l’intérêt de dresser un bilan critique mais aussi prospectif de ce modèle, sous la forme d’un Manuel pour la formation (réflexive) des enseignants et des enseignantes.

Les systèmes scolaires prônent à peu près tous la professionnalisation du corps enseignant ; tous affichent des objectifs de haut niveau, éditent des référentiels de compétences, évoquent les savoirs à enseigner et pour enseigner, l’apprentissage par l’expérience et sa ressaisie conceptualisée, la recherche et l’intervention, les approches didactiques et pédagogiques ; tous militent pour l’articulation théorie-pratique, le travail d’équipe en établissement, le travail en réseaux, le perfectionnement et le développement professionnel des enseignant-es, la formation de leurs formateurs/trices. Bref : tout se passe comme si les lieux communs étaient de plus en plus répandus, mais pour cette raison de plus en plus cruciaux et donc débattus.

Ce qui était jadis défini localement est désormais transcendé par une double volonté : celle du corps enseignant de concevoir et contrôler son activité ; celle des sciences de l’éducation de librement l’étudier et l’interroger. Ancrage pratique et hauteur de vue théorique sont les deux faces d’une même radicalité, qui met en crise les traditions établies lorsqu’elles semblent arbitraires, c’est-à-dire trop éloignées de l’état de l’art ou au contraire des savoirs consolidés (Paquay et al., 2014). Le conflit est le revers de l’unanimité. En se globalisant, les controverses ne font qu’ajouter au besoin de trier entre fausses alternatives et vraies perspectives, entre l’écume des jours et la longue marche (« prudente et ouverte » suggèrent Tardif & Lessard, 2001) de la professionnalisation. Éditer un manuel pour la formation des enseignant-es serait ainsi l’occasion de (ré)concilier les deux nécessités : tout mettre en question, pour mieux s’orienter.


Liste des références bibliographiques

Lessard, C., & Tardif, M. (2001). Les transformations actuelles de l’enseignement : trois scénarios possibles dans l’évolution de la profession enseignante. Education et francophonie, XXIX(1).

Paquay, L., Altet, M., Charlier, E., & Perrenoud, Ph. (Ed.) (1996). Former des enseignants professionnels. Quelles stratégies ? Quelles compétences ? De Boeck.

Paquay, L., Perrenoud, Ph., Altet, M., Desjardins, J., & Etienne, R. (Ed.) (2014). Travail réel des enseignants et formation. Quelle référence au travail des enseignants dans les objectifs, les dispositifs et les pratiques ? De Boeck.

Schön, D. A. (1983). The Reflective Practitioner. How Professionals Think In Action. Basic Books.


Contributeurs et contributrices

Olivier Maulini, Université de Genève ; Mourad Bacha, Université de Montréal Québec ; Anne-Sophie Aubin, Université de Montréal Québec ; Delphine Tremblay Gagnon, Collège André Grasset Québec ; Cecilia Borges, Université de Montréal Québec ; Annie Malo, Université de Montréal ; Charlotte Dejaegher, Université de Liège ; Patricia Schillings, Université de Liège ; Pascal Demonet, Université de Genève ; Myriam Radhouane, Université de Genève ; Manuel Perrenoud, Université de Genève ; Françoise Pasche Gossin, HEP BEJUNE ; Catherine Van Nieuwenhoven, Université catholique de Louvain ; Amandine Huet, Université catholique de Louvain ; Hélène Croce-Spinelli, Université Lyon 2 France ; Yann Mercier-Brunel, Université Côté d’Azur ; Florian Meyer, Université de Sherbrooke ; Virginie Marz, Université catholique de Louvain ; Alice Colignon, Université catholique de Louvain ; Thierry Bouchetal, Université Lyon 2 France ; Guillaume Serres, Université Clermont Auvergne.