Coordination
Frédéric Saussez, Université de Sherbrooke
Pierre-Alain Filippi, Université de Sherbrooke
Éliane Lousada, Université de São
Yann Volp, Université de Genève
Texte de cadrage (Cadrage du symposium)
L’Analyse Ergonomique du Travail (AET) renouvelle le regard sur ce que font au quotidien les personnes dans les métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation en mettant l’accent sur les modes opératoires mobilisés par celles-ci pour faire ce qui leur est demandé de faire. Elle participe aussi au développement de nouvelles ingénieries de formation ainsi que de recherches sur les processus d’apprentissage et de développement de capacités spécifiques qu’elles déclenchent (Saussez et Yvon, 2014). Elle s’attache minimalement à comprendre l’écart entre la tâche et l’activité dans une organisation du travail donnée (Guérin et al, 1991). L’analyse de cet écart, de ce qui le conditionne et de ses effets sur l’efficacité objective et subjective constitue son objet central (Hubeault, 1996). Pour ce faire, elle a multiplié les matériaux. Certes, il y a la vidéo, mais il existe une foule d’autres moyens : notes d’observation, témoignages, documents prescriptifs, organigrammes, schémas, incidents critiques, récits d’expérience, photographies, synopsis, entrevues, artefacts, etc. C’est à partir de ceux-ci que sont construites les traces. Bien que la notion de traces ait fait l’objet d’une réflexion épistémologique dans différents domaines (voir Ginsburg, 1989, Guigue, 2012 ou Peraya, 2019), celle-ci n’a pas attiré l’attention de l’AET en éducation. Qu’est-ce qui fait qu’un matériau soit institué en trace ? Si les divers matériaux collectés participent bien à la compréhension de l’activité de travail in situ de l’analyste, seuls quelques-uns l’engage dans l’analyse. C’est ce que la notion de trace désigne (Guigue, 2012). Une trace est un élément matériel parmis d’autres que la personne chercheuse et/ou intervenante juge signifiant (Ginsburg, 1989) pour analyser et rendre intelligible le travail. Ainsi, un matériau devient une trace en référence à un cadre interprétatif. Ce symposium problématise la fabrication des traces dans des dispositifs d’analyse du travail et/ou leur usage en situation de formation. Il a pour but de questionner les présupposés théoriques, éthiques ou politiques logés dans la fabrication des traces afin d’interroger les limites et potentialités de différentes démarches d’analyse du travail et d’ingénierie de formation. Pour ce faire, nous croiserons des appartenances à des traditions de pensées (clinique de l’activité, cours d’action, didactique professionnelle, histoire, change laboratory, etc.), des traditions disciplinaires et leurs traces spécifiques. Les personnes coordinatrices ont un pré-accord avec la revue Recherche en Éducation pour la publication en 2025 des textes produits dans le cadre du symposium.
Liste des références bibliographiques
Ginsburg, C. (1989). Mythes, emblèmes et traces. Paris : Flammarion.
Guérin, F, Laville, A, Daniellou, F, Duraffourg, J. et Kerguelen, A. (1991). Comprendre le travail pour le transformer. La pratique de l’ergonomie. Lyon : ANACT.
Guigue, M. (2012). L’émergence des interprétations : une épistémologie des traces, Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle, 45, pp. 59 à 76
Hubeault, F. (1996). De quoi l’ergonomie peut-elle faire l’analyse ? In F. Daniellou (Dir.). L’ergonomie en quête de ses principes (pp. 103-140). Toulouse : Octares.
Peraya, D. (2019). Les Learning Analytics en question. Distances et médiations des savoirs, 25. Récupéré de : https://journals.openedition.org/dms/3485
Saussez, F. & Yvon, F. (2014). Problématiser l’usage de la co-analyse de l’activité en formation initiale à l’enseignement. Dans : L. Paquay (éd.), Travail réel des enseignants et formation: Quelle référence au travail des enseignants dans les objectifs, les dispositifs et les pratiques ? (pp. 113-126). Louvain-la-Neuve: De Boeck Supérieur.
Contributeurs et contributrices
Karine Bilodeau, Université de Montréal ; Pierre-Alain Filippi, Université de Sherbrooke ; Christine Félix, INSPÉ Aix-Marseille ; Mathieu Bouhon, Université catholique de Louvain ; Elodie Vaeremans, Université catholique de Louvain ; Cristiane Lisboa da Conceição, Université Fédérale Fluminense ; Marianna Araujo da Silva, Université Fédérale Fluminense ; Claudia Osorio da Silva, Université Fédérale Fluminense ; Éliane Lousada, Université de São ; Grosstephan Vincent, INSPÉ Aix-Marseille ; Bationo-Tillon Anne, HEP Vaud ; Lémonie Yannick, Conservatoire National des Arts et Métiers Paris ; Yann Volpé, Université de Genève ; Valérie Lussi Borer, Université de Genève ; Laure Kloetzer, Université de Neuchâtel ; Maud Lebreton Reinhard, HEP BEJUNE ; Myriam Meuwly, Workstreams, Genève ; Vanessa Rémery, Université du Québec à Montréal ; Claire Burdin, Nantes Université ; Marthe Fradet-Hannoyer, INSPE Clermont-Auvergne.