Coordination
Valérie Vincent, Université de Genève
Geneviève Therriault, Université du Québec à Rimouski
Pablo Buznic Bourgeacq, Université de Caen Normandie
Dorothée Baillet, Université libre de Bruxelles
Texte de cadrage
A priori, le savoir humain est émancipateur. Il suffirait d’amener l’apprenant à sa maitrise pour qu’il se libère du joug de l’ignorance et des dominations. Mais perçu comme un dogme, le savoir peut avoir l’effet contraire. Ainsi, le rapport au(x) savoir(s) des sujets dans les institutions d’enseignement et de formation complexifie-t-il l’enjeu d’émancipation (Galichet, 2018) et peut autant permettre l’émancipation que l’assujetissement. Comment donc et dans quelle mesure, les approches sur ce concept et celles – plus ou moins critiques – de et sur l’émancipation, pourraient-elles dialoguer, se renouveler et affronter cette contradiction ?
D’un côté, l’autonomie du sujet est au cœur de l’histoire de relations complexes entre émancipation intellectuelle, sociale, politique et ontologique et pédagogies à visée émancipatoire (Pereira, 2021; Rancière, 1987). Mais d’un autre côté, les approches sur le rapport au(x) savoir(s) étudient les liens entre celui-ci et les itinéraires scolaires et professionnels, les pratiques éducatives et de formation et les apprentissages (Carnus et al., 2020; Therriault et al., 2017; Vincent & Carnus, 2015). Au long de la vie, structuré par des rapports de pouvoir et de sens sur le plan social, scolaire, disciplinaire, culturel ou du genre, le rapport au(x) savoir(s) d’un sujet est jalonné de soumissions, de libertés, de traumatismes et de sens variés avec les savoirs et l’apprendre, pouvant parfois favoriser la reproduction des inégalités et de l’échec scolaire (Charlot, 1997 ; Chevallard, 2003 ; Mosconi et al., 2000 ; Venturini et Albe, 2007). Est-il plus ou moins inhibiteur de l’émancipation ?
Le symposium initiera un dialogue entre les recherches sur le rapport au(x) savoir(s) et celles sur l’émancipation. Il interrogera aussi les tensions dans les pratiques éducatives et de formation, entre « pédagogie bancaire et dialogique » (Freire, 2015/2021), entre continuité et rupture avec la forme scolaire ou de formation, entre postulat d’éducabilité et réel des pratiques, entre savoir(s) transmis par l’enseignant et leur dévolution à l’apprenant.
Les contributions expliciteront et mobiliseront à la fois le concept de rapport au(x) savoir(s) et d’émancipation et les mettront en dialogue, avec la possibilité d’adopter une focale plus forte sur l’un ou l’autre dans le champ des sciences de l’éducation. Elles s’appuieront sur la recherche empirique et raisonneront sur des prolongements pédagogiques, didactiques ou de formation.
Liste des références bibliographiques
Carnus, M.-F. , Buznic-Bourgeacq, P., Baillet, D., Therriault, G. & Vincent, V. (dir.) (2020). Rapport(s) au(x) savoir(s) : quels sujets, quels savoirs ? Les Livres en ligne du CRIRES (LEL). Repéré à : https://lel.crires.ulaval.ca/oeuvre/rapports-aux-savoirs-quels-sujets-quels-savoirs
Charlot, B. (1997). Du rapport au savoir. Éléments pour une théorie. Paris : Anthropos.
Chevallard, Y. (2003). Approche anthropologique du rapport au savoir et didactique des mathématiques. In S. Maury et M. Caillot (dir.), Rapport au savoir et didactiques (pp. 81-104). Paris : Fabert.
Freire, P. (2015/2021). La Pédagogie des opprimés. Marseille : Agone.
Galichet, F. (2018). L’émancipation par le savoir : à quelles conditions ? Recherches en éducation, 34, 6-16.
Mosconi, N., Beillerot, J. & Blanchard-Laville, C. (2000). Formes et formations du rapport au savoir. Paris : L’Harmattan.
Pereira, I. (2021). Préface. In P. Freire, La Pédagogie des opprimés (pp. VII-XXXI). Marseille : Agone.
Rancière, J. (1987). Le maître ignorant. Paris : Fayard.
Therriault, G., Baillet, D., Carnus, M.-F. & Vincent, V. (dir.) (2017). Rapport au(x) savoir(s) de l’enseignant et de l’apprenant : une énigmatique rencontre. Louvain-la-Neuve : De Boeck Supérieur.
Venturini, P. & Albe, V. (2002). Interprétation des similitudes et différences dans la maîtrise conceptuelle d’étudiants en électromagnétisme à partir de leur(s) rapport(s) au(x) savoir(s). Aster, 35, 165-188.
Vincent, V. & Carnus, M.-F. (dir.) (2015). Le rapport au(x) savoir(s) au cœur de l’enseignement : enjeux, richesse et pluralité. Louvain-la-Neuve : De Boeck Supérieur.
Contributeurs et contributrices
Valérie Vincent, Université de Genève ; Samra Tabbal Amella, Université de Genève ; Geneviève Therriault, Université du Québec à Rimouski ; Agnieszka Jeziorzski, Université de Montpellier ; Émilie Morin, Université du Québec à Rimouski ; Catherine Simard, Université du Québec à Rimouski ; Anderson Araújo-Oliveira, Université du Québec à Montréal ; Chantale Beaucher, Université de Sherbrooke ; Isabelle Vivegnis, Université de Montréal ; Pablo Buznic-Bourgeacq, Université de Caen Normandie ; Khouloud Abdallah Chatti, Université Toulouse Jean Jaurès ; Yves Leal, Université Toulouse Jean Jaurès ; Marie-France Carnus, Université Toulouse Jean Jaurès ; Faouzia Kalali, Université de Rouen Normandie ; Carole Glorieux, Université libre de Bruxelles ; Dorothée Baillet, Université libre de Bruxelles ; Caroline Scheepers, Université Saint-Louis Bruxelles ; Jean-Charles Buttier, Université de Genève ; Eve-Lyne Leclerc, Université du Québec à Rimouski ; Andréa Gicquel, Université du Québec à Rimouski ; Olivier Maulini, Université de Genève ; Mohamed-Saïd Aroui, Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education de l’Académie de Nice.